L’EMDR est une méthode de plus en plus connue pour traiter les traumatismes. Mais une question revient souvent : « Est-ce que cette thérapie efface vraiment les souvenirs ? »
Qu’est-ce qu’un souvenir ?
Un souvenir, c’est la trace qu’un événement laisse dans notre cerveau.Il ne s’agit pas d’un enregistrement vidéo qu’on pourrait revoir à l’identique, mais plutôt d’une reconstruction. Cette reconstruction peut changer avec le temps, selon notre humeur, nos émotions ou le contexte dans lequel on y repense.
L’observatoire B2V des mémoires définit les souvenirs comme « des événements vécus qui sont liés aux émotions ressenties pendant ces moments »
Lorsqu’on vit un événement marquant, deux zones du cerveau sont particulièrement impliquées :

L’amygdale – le détecteur d’alerte
L’amygdale est une petite structure située en profondeur dans le cerveau. Elle joue un rôle central dans la gestion des émotions, en particulier la peur et le danger.
En situation de stress ou de traumatisme, l’amygdale s’emballe : elle envoie un signal d’urgence au corps (accélération du rythme cardiaque, tension musculaire…).
Elle agit très vite, sans passer par la logique.
Résultat : le cerveau enregistre l’émotion de manière brute, sans vraiment traiter l’information.
L’hippocampe – l’archiviste de la mémoire
L’hippocampe, lui, est responsable de l’encodage et de l’organisation des souvenirs.
Il place les événements dans le temps et l’espace : il dit « ça s’est passé hier, à tel endroit ».
C’est lui qui permet à un souvenir de devenir un récit cohérent et classé dans le passé.
Mais lors d’un traumatisme, l’hippocampe se met en pause. Il ne fait plus son travail correctement.
👉 Résultat : le souvenir reste non daté, fragmenté, vécu comme s’il se produisait en boucle dans le présent, souvent avec des sensations brutes (images, sons, douleurs…).
Pendant une séance d’EMDR, la stimulation bilatérale (mouvements oculaires, sons, tapotements) aide à réactiver le système naturel de traitement de l’information.
- L’amygdale se désactive progressivement : l’alerte émotionnelle baisse.
- L’hippocampe peut alors reprendre son rôle : il reclasse le souvenir, l’inscrit dans le passé, et le relie au reste de l’histoire de vie.
Ainsi, le souvenir ne disparaît pas, mais il est retraité et intégré, ce qui permet d’en réduire l’impact émotionnel.
Conclusion
L’EMDR n’est pas une méthode d’oubli, mais un outil de transformation psychique.
Elle permet aux souvenirs traumatiques de perdre leur charge émotionnelle envahissante pour devenir des éléments du passé intégrés, compris et dépassés.
La mémoire n’est pas effacée – elle est retraitée, réorganisée, et replacée dans une continuité de vie cohérente.
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